Douleur chronique

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Vue d’ensemble

Chez les enfants ou les jeunes, la douleur chronique devrait être gérée à l’aide d’une approche multimodale et biopsychosociale assortie de modalités d’ordre physique, psychologique, ergothérapique et pharmacologique*. 

Lignes directrices sur la prise en charge de la douleur chronique chez l’enfant. Genève : Organisation mondiale de la Santé. 2020. Licence :CC BY-NC-SA 3.0 IGO.

Lorsque des opioïdes sont prescrits et administrés en cas de douleur chronique, plusieurs considérations telles que celles énoncées ci-contre doivent entrer en ligne de compte pour assurer un usage thérapeutique plus sûr.

• Les enfants et les jeunes aux prises avec une douleur chronique devraient bénéficier d’une approche de soins personnalisée et multidisciplinaire.
• Des traitements d’ordre physique (ex. : physiothérapie) et psychologique (ex. : rétroaction biologique, distraction) devraient être utilisés pour tous les enfants et les jeunes aux prises avec une douleur chronique.
• Pour traiter la douleur chronique pédiatrique, les médicaments non opioïdes peuvent être considérés dans le cadre d’une pharmacothérapie multimodale équilibrée, soit l’analgésie simple (ex. : acétaminophène, AINS), les antidépresseurs, les anticonvulsivants et les traitements topiques comme les timbres de lidocaïne.
• Les opioïdes sont rarement prescrits pour traiter la douleur chronique pédiatrique en raison du manque de données probantes au sujet de leur efficacité pour soulager la douleur chronique et de leur profil d’effets indésirables.
• Dans les rares cas où des opioïdes sont indiqués pour traiter la douleur chronique, il y a lieu de faire des essais en commençant par la plus petite dose efficace possible, en procédant au titrage avec le temps, en faisant le lien avec les améliorations fonctionnelles (et non pas seulement avec l’atténuation de la douleur) et en les utilisant pendant le moins longtemps possible.
• Les opioïdes devraient être prescrits par un seul professionnel de la santé et faire l’objet d’une surveillance et d’un suivi étroits.
• Tous les professionnels de la santé qui suivent l’usage d’opioïdes pour soulager la douleur chronique devraient posséder les connaissances et les compétences nécessaires à l’évaluation de la douleur et de la fonction; prescrire les opioïdes adéquatement, surveiller les patients, réduire la posologie graduellement et faire cesser l’utilisation des opioïdes; en plus de reconnaître et de traiter les troubles liés à l’utilisation d’opioïdes.
• Les enfants et leurs familles devraient toujours être bien mis au courant des effets secondaires possibles des médicaments opioïdes.
• Les risques liés à l’usage d’opioïdes à risque élevé devraient être évalués au moyen d’un outil validé d’évaluation des risques avant même la prescription ou l’administration de l’analgésie opioïde.
• Les enfants et les jeunes pour lesquels des opioïdes sont prescrits en vue du traitement d’une douleur chronique devraient être informés des risques de dépendance physique et psychologique aux opioïdes de même que du sevrage.

Les opioïdes devraient être prescrits et administrés de manière culturellement sécuritaire. Il faut aussi tenir compte des risques de trouble de consommation d’opioïdes, de l’usage d’opioïdes à risque élevé, de l’âge de l’enfant et des diagnostics de santé mentale déjà établis.

Cependant, même en présence de ces risques, les enfants aux prises avec une douleur intense ont droit à une gestion adéquate de la douleur, ce qui peut comprendre l’usage d’opioïdes. Les enfants et leurs familles devraient prendre une décision conjointe avec leur personnel de la santé, à savoir si une analgésie opioïde convient à leur situation ou non.

Les expériences négatives vécues par un enfant (maltraitance, négligence et milieu de vie dysfonctionnel avant l’âge de 18 ans) sont susceptibles d’avoir un effet sur la perception et l’expression de la douleur d’un jeune, et de leur association avec la douleur chronique.

Advenant que l’utilisation d’opioïdes s’avère nécessaire à long terme pour la gestion de la douleur chronique, il faut dresser un plan dans lequel il est clairement énoncé quelle personne est responsable des ordonnances (une seule personne) de même que les exigences en matière de suivis réguliers (pour la surveillance des symptômes et de la fonction), de communications et de tenue de dossiers.

Définition de la douleur chronique

Douleur qui persiste ou réapparaît pendant plus de trois mois. Selon la Classification internationale des maladies (CIM-11) de l’Organisation mondiale de la Santé, la douleur chronique est une maladie en soi (soit la douleur chronique primaire), ou encore, elle est secondaire à une maladie sousjacente (soit la douleur chronique secondaire). La douleur chronique peut comprendre la douleur liée au cancer, la douleur neuropathique chronique, la douleur chronique viscérale secondaire, la douleur chronique post-traumatique et la douleur postopératoire, la douleur orofaciale et les maux de tête chroniques secondaires de même que la douleur musculosquelettique chronique secondaire.

_{Gestion de la douleur pédiatrique - CAN/HSO 13200:2023}

« La douleur chronique est un phénomène complexe qui peut avoir un effet dévastateur sur la qualité de vie des enfants, des jeunes et de leurs familles. Les professionnels de la santé peuvent aider les jeunes aux prises avec une douleur chronique à trouver des moyens de surmonter leurs symptômes et à leur permettre de vivre une vie intéressante et enrichissante. Pour atteindre ces objectifs, il faut adopter une approche holistique. Même si les opioïdes peuvent être considérés pour certains types de douleur chronique pédiatrique, leur rôle est restreint en raison des risques de méfaits et de leur efficacité limitée en matière de douleur chronique. Cependant, dans les rares situations où les opioïdes sont indiqués pour la douleur chronique, il serait possible de considérer la mise à l’essai des opioïdes, mais seulement lorsqu’une combinaison de pharmacothérapie non opioïde et de stratégies d’ordre physique et psychologique ne donne pas lieu au contrôle adéquat des symptômes. »

~ D^re Marie-Joëlle Doré-Bergeron, médecin

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Références